On se souviendra que le jeune Stewart Brown de la CIA, sauvé in extremis, tentait de procéder à l’arrestation de Benito Camparé, homme de main de Carlos Xiaviera.
Secoué par les récents évènements, Stewart comprenait maintenant que travailler pour son oncle John comportait vraiment des risques. N’eût été l’intervention de cet inconnu, il serait peut-être à l’hôpital à soigner de graves blessures. Au début, tout recelait la fascination du métier d’espion avec ces indéniables avantages : voyages, argent, puissance et liberté. Cet emploi lui permettait aussi de se rapprocher de Claudi qu’il aurait sans doute perdue de vue. Grâce à John, il pouvait la suivre jusqu’en Europe et continuer de la fréquenter. Une certaine excitation des sens accompagnait également la vie de représentant de la CIA et la poussée d’adrénaline qui montait dans ses artères, dans les moments forts, occultait facilement les pires appréhensions masquées sous cette profession. Il venait de frôler la mort aux mains de Benito, mais se gonflait la poitrine d’aise quant à la parfaite maîtrise de sa technique de combat. En définitive, ce n’est qu’un manque d’attention imputable à son inexpérience qui faillit le mener à la catastrophe.
John Brown, en compagnie de son neveu, regardait le cadavre sortir du tiroir à la morgue.
- Tu n’as rien vu ?
- Non, rien.
- Que s’est-il passé ?
Stewart lui raconta dans le détail son aventure. John le dévisageait d’un air débité.
- Tu es fou ou, quoi ? As-tu oublié toutes mes recommandations ?
- Tout est arrivé si vite, tenta d’expliquer Stewart. Et je ne pouvais pas te joindre.
- Ne m’en parle pas. À bord du Princess Dream, les ondes cellulaires sont bloquées, on a compris une fois sur le quai. Cet Ari Amy est un astucieux.
- Même si on a des preuves que Carlos est coupable, moi, je continue de penser qu’Ari Amy n’a pas les pattes blanches, ajouta Stewart.
- Tu reconnais celui-ci ? Poursuivit John montrant les clichés d’Anthony Locas.
Carlos, Anthony et Benito.
- Non ! Mais les deux autres, je les ai entrevus à l’hôtel Métropole.
- C’est le type qui a posé une fausse bombe aux îles Canaries selon mes sources.
- Je lui briserai bien le cou de mes propres mains.
- Je te comprends.
- Donc, si je te suis, ce monsieur est associé avec Carlos dans les vols de banque ?
- C’est ce que nous cherchons à prouver.
- On n’a pas retrouvé un seul centime de tous ces cambriolages encore ?
- Incroyable, mais bien vrai !
- Ils ont planqué le magot quelque part, de toute évidence.
- Ça ne fait pas de doute.