Quand ses yeux croisèrent les siens, il y eut comme un intervalle, un espace musical silencieux, un moment d’hésitation, une pause forcée. Son oeil s’accrocha, attiré tel un aimant vers le sien. Il se produisit comme une fusion, un envoûtement irrésistible, plongeant l’un dans l’autre par la vision. C’était inévitable et impossible de faire marche arrière. Plus les regards se braquaient, plus le voyage vers l’intérieur se poursuivait, pénétrant, découvrant sans comprendre le tréfonds de l’âme. Un baiser suave et muet accola leurs lèvres imperturbables tandis qu’une introspection se maintenait à leur insu. Le baiser se prolongea pendant de très longues minutes alors que les bouches accompagnaient cette insatiable envie de voler sur les arcanes mystérieux de la compréhension, révélant les secrets les plus intimes. Deux heures plus tard, ils prirent un repos et ce n’est qu’à ce moment qu’ils surent tous les deux qu’ils étaient faits l’un pour l’autre, l’un jamais sans l’autre. Ils avaient communié. Leur union avait échangé, sans jamais prononcer un seul mot, la certitude de leur destinée commune. Ils s'étaient soudés.
Robert Alair