Quelle réjouissante perspective pour un homme habitué à prendre possession du bien d’autrui ! Jadmir ne fut pas long à comprendre l’intérêt que représentait le port et il créa de manière plutôt expéditive une purge parmi les gens en poste. Il se retrouva rapidement seul responsable des dossiers économiques importants de la ville. Ceux qui eurent le culot de s’opposer à son directorat furent aussitôt lynchés. Grâce à son contingent de tueurs, il obtint un pourcentage impressionnant de collaboration de la part des citoyens dont l’instinct de survie primait devant les arguments de ces derniers. On leur offrait un choix fort simple : vivre ou mourir.
- C’est avec plaisir, maître, dit l’un des citadins à qui l’on demandait son allégeance. Je suis à votre service.
Quelques semaines plus tard, Jadmir bénissait la tournure des évènements, compte tenu des sanglantes batailles qu’il aurait livrées à Mogadiscio contre ses adversaires. Maintenant, il remplissait ses coffres sans avoir à vraiment se battre. Ce déménagement s’avéra on ne peut plus rentable pour lui, d’autant plus que son groupe exerça le contrôle sur les prix du pétrole stocké au port. Il engrangea en très peu de temps une véritable petite fortune.
- Tout cela grâce à monsieur Amy. Conclut-il finalement.
Cela dit, Jadmir devrait tout de même se venger : c’est une question d’honneur. Depuis quand paie-t-on pour fournir des armes à ses ennemis ?
- Tu trouves ça normal, toi, dit le Somalien, que la marchandise que tu as payée soit livrée à des tiers ?