Les galeries du Métropole Palace allongent sur ses trois étages de luxe pharaonique une multitude de boutiques affichant notamment, les plus grands couturiers. Ils se disputent âprement les portefeuilles des gens capables de porter leur griffe et n’hésitent pas à faire payer le double du prix à ces touristes en mal de se trouver une tenue distinctive. Voilà bien l’endroit par excellence pour y nouer une amitié et c’est tout naturellement qu’Angela invita Claudi à la retrouver en ce lieu de prédilection de la gent féminine.
Habituée des boutiques de mode, madame Williams parraina la petite Claudi, pas encore affranchie à la haute couture, aux vêtements dispendieux et aux traitements de faveur que déploient les vendeurs et propriétaires de ces commerces désireux de conserver ces clients en or.
Les voilà comme deux adolescentes, toutes surprises devant les glaces de se trouver aussi belles, tantôt en rouge, en bleu, en vert, en jeans, en costume ou en deux-pièces, essayant robes, blousons, tailleurs, chemisiers et accessoires. C’est une cascade de fous rires, auxquels se succédaient des moues complices, des regards en coin et des non-mercis qu’échangeaient les deux amies.
Désormais, Claudi pouvait porter sur son compte tous ses caprices, sans qu’elle aille à se préoccuper du solde. Elle multiplia les achats pour le plus grand plaisir de son accompagnatrice. Chaque nouvelle acquisition engendrait sa pléiade de confidences et Claudi, toujours aussi volubile, partageait sans soucis tous ses états d’âme, gratifiant Angela de secrets qu’elle n’aurait jamais dû lui confier.
Et c’est au milieu de cette fête que ma voix assurée interrompit quelques instants leur course : le cellulaire de Claudi résonna.
- Alors ! Fis-je. Vous avez disparu ! Où êtes-vous ?
- Je suis, répondit Claudi, avec Angela…
- Ça ! Je m'en doute ! Mais vous avez déserté la villa ?
- Nous courons les boutiques. Nous avons des achats à faire.
- Ah ! Décoration, évidemment.
- Oui ! Fit-elle, lançant un air complice en direction d’Angela.
- Très bien. Au sujet de ton entrevue avec monsieur Sanschagrin. Tout fonctionne comme il se doit ?
- Eh bien ! Objecta Claudi. Ce monsieur Sanschagrin me cause beaucoup de chagrins, justement…
- Tiens donc !
- C’est un goujat.
- Ne me dis pas qu’il a refusé ton offre ?
- Oui.
- Quoi ! Il a osé !
- Oui.
- Non ! Ça ne se passera pas comme ça ! Je vais voir ce que je peux faire, conclus-je.
- Merci Ari.