Toujours aux aguets, Carlos Xiaviera surveillait le retour de son complice avec appréhension. Il craignait que ce grand niais trouve le moyen de se mettre dans le trouble. Déjà, il accusait du retard à revenir et, quand il aperçut ce nuage de fumée s’élever dans les airs, il comprit que ce qu’il redoutait venait de se produire. Il avertit immédiatement Anthony qui n’hésita pas une seconde pour déguerpir. Il ramassa tout ce qu’il put et courut monter dans la Ford sous les protestations de Carlos.
- Tu ne vas pas abandonner Benito ?
- Parfaitement, cria Anthony. Vite. On fout le camp.
La voiture démarra en trombe pour se faufiler sur l’Avenue d’Agerbol et descendre en direction du centre-ville. Le panorama particulièrement prisé par les amateurs de photographie défilait devant les yeux des fuyards, mais ni l’un ni l’autre n’y portèrent attention. Fidèle à son poste, Jack perçut distinctement le crissement de pneus d’une automobile. Il pensa qu’il s’agissait certainement de Carlos et Anthony prenant la fuite. Une explosion embrassa l'auto de l’agent de la CIA dont le réservoir d’essence rempli jusqu’au bouchon fuyait depuis trop longtemps. Stewart n’entendit pas la voiture américaine, ni ne vit partir Jack, mais son flair rencontrait celui de monsieur Palace : le trio recherché se terrait bien à deux pas. Hélas pour Stewart ; une poursuite à pied ne risquait pas de porter des fruits.
L’oncle John, de son côté, quittait le Princess Dream et recouvrait par la même occasion ses ondes cellulaires. Voilà une précaution qui s’avérait judicieuse ; toutes personnes qui montaient à bord voyaient son cellulaire neutralisé. Un réseau installé sur le yacht tronquait les radiocommunications. Seuls les appareils dûment enregistrés fonctionnaient. C’est la raison pour laquelle Stewart ne joignait pas John jusque-là.
Finalement, John écoutait, atterré, la description que lui faisait son neveu des évènements qu’il venait d’encaisser.
- Mais, qui a tiré ? Demanda-t-il.
- Je n’en sais rien, je n’ai rien compris.
- Attends-moi. J’arrive.
Anthony et Carlos résolurent de se débarrasser au plus vite de la vielle Ford. Il n’y a pas de fumée sans feu. On les avait peut-être déjà pris en chasse. Rendus au Palais des Sports, ils empruntèrent le stationnement souterrain, espérant se défaire de leur automobile et en trouver une de libre pour eux. C’est là qu’ils repérèrent, quelques minutes plus tard, une Rolls-Royce blanche. Les clés, négligemment oubliées au contact, les prédestinaient à monter à bord pour s’enfuir au plus vite. Abandonnant leur voiture volée, ils s’engagèrent immédiatement par la sortie débouchant du côté opposé du bâtiment en même temps que d’autres autos quittaient, elles aussi. Mes deux hommes avaient bien vu la Ford faire son entrée et ce ne fut pas long que parcourant les allées, ils la découvrissent. Hélas pour eux, elle reposait, silencieuse et désertée.