Anthony convint de céder à son jeune associé le soin de boucler cette nuit torride. Il prétexta un coup de fatigue et s’éclipsa. Fougueux comme un taureau et trop longtemps prisonnier du vestiaire, Carlos amena la dame au bord de l’extase, la chevauchant sans mercis des heures durant. Sa chevelure roulait sur son dos tandis qu’il la prenait en levrette. Cette vision lui rappela les cheveux de Claudi répandus en bataille sur sa peau satinée. Il redoubla d'ardeur, alors qu’il rêvait de la coucher sur le lit, elle aussi. Il les aurait bien sautées toutes les deux si cela eût été possible.
Le lendemain à l’heure où le soleil atteint son zénith, Anthony et Carlos tinrent un petit conciliabule sur la terrasse devant la piscine, là où la veille, délaissant tout vêtement, les trois nouveaux amis entamèrent réellement leur amicale soirée. Impossible de ne pas sentir qu’une alchimie allait les souder ensemble. Ils partageaient le même goût pour l’aventure. C’est cette passion, qui les poussait en avant, et parfois même au risque d’en subir de graves préjudices. Pour eux, chaque minute comptait comme une de moins à ne pouvoir profiter de la vie. Ils voulaient vivre intensément. Anthony savait très bien que le décès de monsieur Williams, qu’elle tenta de leur faire avaler, tissait des fils cousus de blanc. Cette femme se chauffait du même bois qu’eux. Elle mentait, il n’en doutait même pas.
Leur petit tête-à-tête s’arrêta net lorsqu’ils virent la dame faire son apparition sur la terrasse. Elle portait un long négligé diaphane, qu’elle réservait pour les intimes et qui ne manquait pas de faire tout l’effet escompté. Sous son vêtement vaporeux, un cache-sexe et un soutien-gorge transparent formaient une paire susceptible de soulever encore une fois des passions.
- Je viens de vous voir à la télévision ! Leur lança-t-elle sans aucune gêne.
- À la télé ? S’exclamèrent-ils.
- Oui, fit-elle, un large sourire dessinant son visage. Vous êtes des vedettes.
Les regards de Carlos et d’Anthony se croisèrent.
- Votre ami a été moins chanceux ! Rajouta-t-elle avec un rictus en coin.
- Notre ami ? Fit Carlos interrogateur.
- Oui ! C’est Benito, je crois…
- Quoi Benito ? Firent-ils ensemble. Il a été arrêté ?
- Non, s’amusa-t-elle. Il est… mort.
- Ouf ! Relâchèrent-ils.