Tandis que Carlos se vidait de son sang sur les marches de l'escalier conduisant au toit de TFr7, Anthony fuyait le Princess Dream avec mon portable sous le bras et moi je voyais se dessiner au loin la colonne de fumée s’échappant de mon yacht.
L'hélicoptère arriva finalement au Princess Dream. Du haut des airs, Michael fit un tour du propriétaire avant de se poser. Ce que j'entraperçus me stigmatisa. Le yacht dérivait, tel un somnambule, abandonné à lui-même. Un incendie faisait rage sur son flanc alors que le pont étageant les niveaux du grand salon laissait échapper de gros nuages enfumés. Le poste de pilotage n'arborait plus sa fière allure puisque la majorité de ses vitres éclatées couvraient maintenant le plancher et partout des traces de balles déchiquetaient les murs et les ponts promenade du bâtiment. De toute évidence, un groupe de barbares s’en était donné à cœur joie, mitraillant sans retenue tout ce qui se trouvait devant la mire de leurs armes.
- Bande d’incultes ! Proférai-je à l’égard de ceux qui avaient osé commettre un tel outrage.
L’hélicoptère se posa exceptionnellement sur le pont avant, de peur que l’incendie du grand salon se propage avec l’air soulevé par les palles. Toutes les vitres incluant les portes automatiques de l’entrée principale tombaient en lambeaux laissant le froid du soir envahir les étages, créant un climat de morbidité digne de films d’épouvante. Je parcourus mon vaisseau, le cœur brisé. On violait le soin jaloux qui caractérisait mes services à bord de ce bateau. Un profond dégout me montait aux lèvres. Personne ne méritait une telle gifle.
- Dire qu’on couronnait ce yacht il y a quelques jours seulement ! Si on le voyait maintenant !
Un bruit sourd attira mon attention. Il provenait de la soute aux bagages : une pièce sans fenêtre au milieu du navire et qui servait d’entrepôt. J'enlevai l’arrache-clou traversant la poignée de la porte et ouvris celle-ci d’un geste énergique. Éric, Marko, des techniciens et quelques employés me bénissaient de les libérer de leur prison.