Grâce au ciel, j'avais relaxé une grande partie de mon personnel en décidant de me pousser au large pour fuir les paparazzis. Hélas ! Je comprenais maintenant que ce départ s’avérait sans doute l’une des plus funestes décisions jamais prises. Rien de tout cela ne serait arrivé si j'avais choisi de demeurer amarré au quai.
- Qui a fait ça ?
- C’est Jadmir Burco, répondit Éric.
- Où sont les demoiselles ? Demandai-je en regardant sortir mes employés de la soute aux bagages.
Marko me dévisagea, les yeux dans l’eau.
- Cette espèce de sauvage de Jadmir les a amenés avec lui et il a jeté les mousquetons par-dessus bord.
Un silence embarrassé parcourut le groupe. Je n’en revenais tout simplement pas.
- Et, il n’était pas seul, renchérit monsieur Bachelar.
- Qui d’autres ?
- Tony ! Échappa Éric.
- Évidemment ! Songeai-je aussitôt. Il a profité de mon absence, ce scélérat. Pire, il a manipulé Jadmir, excitant sa jalousie et rejetant tout le blâme de la livraison d’armes sur moi. Pourquoi n’y ai-je pas pensé ?
- Et, rajouta l’informaticien, ils ont tué Derek et détruit le poste de pilotage.
Visiblement atterré, je demeurai silencieux de longues minutes. Des images de ma vie se surimposaient dans ma tête. Je considérais tous mes exploits durant ces nombreuses années comme autant de victoires et je me désolais de voir mon empire torpiller de la sorte. Cette éventualité ne faisait pas partie de mes scénarios et admettre qu’il fallait battre en retraite me confondait.