Reprenant mes esprits, je donnai mes ordres :
- Vous montez tous immédiatement à bord de l’hélicoptère. Michael vous ramènera à Monaco.
- Mais ! Objecta Marko. Votre appareil n’a que six sièges.
- Et nous sommes huit ! Argumenta Éric. Neuf avec le pilote.
- Non. Vous êtes dix avec Benny qui attend. Vous allez vous entasser, c’est tout. Je veux que vous quittiez le Princess Dream sur-le-champ. La gendarmerie ne tardera pas à débarquer.
- Mais ! S’objecta Éric. Laissez-moi faire Ari et sauvez-vous, je vais rester.
C’était la première fois qu’il osait m'appeler par mon prénom.
- Non ! Il n’en est pas question ! Repris-je. C’est un ordre. Je suis le capitaine.
Je leur montrai le chemin, le bras tendu. Personne ne s’opposa à ma volonté.
Sans plus attendre, j'accouru agripper un extincteur et me précipitai vers le grand salon pour tenter d'éteindre le feu. Ma manœuvre réussit à contenir les flammes logées dans la longue série de canapés conçus par nul autre que le designer Michel Starck. Un mobilier payé à prix d’or.
Mu par l’énergie du désespoir, je couru vers le garage, cette large section donnant sur le portelone de côté. Un feu nourri, allumé par les hommes de Jadmir, léchait les cloisons plastifiées. Des bidons de gazole renversés à même le sol entretenaient la flamme. L’élément destructeur se dirigeait lentement vers les véhicules stationnés dont les réservoirs remplis d'essence exploseraient assurément. Je me demandai comment il se faisait que le système d’extincteurs automatiques ne se déclenchât pas comme il le devait. Je me précipitai en direction de la salle des machines pour aller voir le moteur-pompe, chargé de fournir la pression à la tuyauterie, mais croisa en se faisant mon sous-marin. L’écoutille ouverte m'apparut suspecte. Je m’approchai pour m’apercevoir que le véhicule ne contenait plus les sacs d’argent déposé là par mes hommes. Un moment d’hésitation m’accabla ; mon ordinateur me vint alors à l’esprit.