Regroupant ce qui me restait d’énergie et de courage, je m’élançai en direction de mon submersible. Je décidai d’opter pour un raccourci en passant par le grand salon pour ainsi remonter l’escalier et redescendre vers le portelone. Je regrettai cette idée en voyant la désolation qui régnait en ces lieux. Avant de partir, les mercenaires l'avaient mitraillé généreusement, si bien que des marches, seule la structure métallique les soutenant demeurait ; des milliers d’éclats de verre couvraient la moquette, deux étages plus bas. Dans ma course, je remarquai un paquet, du genre fourre-tout, abandonné sur place.
- Minute ! Fis-je. C’est un sac de mon argent.
J'ouvris immédiatement le havresac pour me rendre compte que le contenu ne correspondait pas à mes attentes.
- Du papier ! Du papier ! Répétai-je confondu. Qu’est-ce que ça veut dire ?
Mon cerveau déraillait. Trop, c’est trop. Pourtant, cette même soirée me bénissait parmi les dieux, en me hissant au panthéon de la gloire avec ma Claudi pratiquement à mes pieds et le Jeu Mondial de la Toile triomphant sur la place publique. Tous mes nouveaux placements, devenus intouchables maintenant, produiraient des millions de dollars en recette grâce au Paris Monaco International. J'envisageais même de procéder, depuis peu, à une OPA hostile sur TFr7 pour acquérir la totalité des actions et ainsi conserver tous les droits sur le Jeu. Que pouvais-je espérer de plus ?
Je m’engouffrai dans mon sous-marin, referma l’écoutille et mit en fonction le système électrique. Le palan, libéré de ses attaches, grâce au contrôle intérieur, largua l’appareil suspendu à quelques centimètres de la surface de l’eau. J'actionnai le mécanisme de plongée et je disparu sous les flots, incognito.
Un hélicoptère de la gendarmerie atterrit quelques heures plus tard sur le pont avant du Princess Dream. L’inspecteur John Brown, revolver à la main, descendit le premier de la machine volante. Il regarda son assistant d’un air hébété.
- Grand Dieu ! Je te parie que nous arrivons encore une fois en retard.
- Mais patron ! Nous avons un mandat en bonne et due forme, cette fois.
- Ouais !... Ça nous fait une belle jambe !