- Je ne voudrais pas vous presser, reprit monsieur Delongprés, mais ma voiture vous attend pour vous conduire à Orly. Vous n’avez pas beaucoup de temps.
- Déjà !
Claudi remonta à la salle de bains. La domestique sortait de sa valise une paire de jeans, un chandail col roulé et ses espadrilles. Elle enfila le tout, songeant qu’au moment de son arrivée en France ce sont justement ces mêmes vêtements qu’elle portait.
Un vol sans histoire la ramena au pays de son enfance, comme si ce retour vers sa terre natale lui offrait la chance de tout recommencer et de reprendre à zéro.
Elle débarqua au petit matin et traversa les douanes canadiennes sans aucun problème. Personne ne la connaissait véritablement à Montréal. Ce fut un soulagement pour la beauté. Elle fit les cent pas, deux fois plutôt qu’une, dans cet immense aéroport froid et impersonnel, cherchant partout celui qui lui avait donné rendez-vous. Elle ne me vit pas. Elle pensa aller demander à la réception qu’on m’interpelle aux haut-parleurs, mais révisa sa décision. La discrétion s’imposait.