La nouvelle directrice du Paris Monaco International pensait que son invitation au restaurant Fouquet’s impressionnerait le directeur de TFr7 et serait propice à mousser la candidature du magazine qu’elle représentait.
Hélas ! La communication avec le PDG commençait à sérieusement l’énerver. Que Truffaut, Godard ou Chabrol aient fait du Fouquet's leur lieu de prédilection pour se restaurer, la laissa froide. Elle espérait trouver chez monsieur Sanschagrin une complicité qui ne s’installait aucunement ; au contraire, plus il en rajoutait, plus il s’enfonçait. Cette invitation sur la terrasse, côté Champs-Élysées, tournait à la tempête et c’est avec beaucoup d’abnégation que Claudi tentait de faire accéder à un échelon supérieur son hôte : peine perdue. Il s’entêtait à promulguer sa formule tout apprise, la citant comme une vérité de La Palice, comme si le changement dans sa grille horaire demeurait imperturbable.
- N’allez pas croire, ma très chère, fit-il avec complaisance, que je ne trouve pas votre idée attrayante ? Non, c’est un vent de fraîcheur indéniable, mais je ne pense pas que la direction soit en mesure d’acquiescer à de telles demandes.
- Je comprends, fit Claudi découragée.
- Vous saisissez que nous jouons un jeu épouvantable et que le simple fait de nous tromper, ne serait-ce que pour une semaine, conduit des milliers d’auditeurs vers les autres chaînes.
- Je vois.
- Une pareille incidence peut déclencher chez nos clients publicitaires un raz de marée…
- Je comprends.
- Susceptible de les faire déserter notre programmation pour un concurrent plus généreux. Vous appréhendez la suite ?
- Oui, évidemment…
- Et, continuait-il, comment nous permettre de prendre un tel risque avec… une nouvelle maison de production qui n’a pas fait ses preuves ?
- Oui, je vois ! Conclut Claudi excédée.