Un équipement plus que complet dotait le bateau des Williams. Système de navigation et de communication efficace, mécanique prête à appareiller, cuisine garnie et branchement électrique au quai. Carlos trouva rapidement le bar où il se déboucha une bière alors qu’Anthony commença tout de suite à se familiariser avec ce batelet propulsé par la force du vent. Il ouvrit la porte du compartiment aux moteurs. Les deux hommes jetèrent un regard indifférent à tout cet attirail compliqué. Ni l'un ni l’autre ne savaient piloter ce genre d’embarcation.
- Ce n’est pas grave, amigo ! Lança Carlos. Nous naviguerons à la voile, s’il lé faut…
- Ouais ! Accentua Anthony. Si on arrive à sortir du port.
- No problemo ! Annonça son compagnon. J’irai chercher une conductor.
Il dégaina son revolver qu’il portait à la taille et le brandit à la figure d’une personne fictive debout devant lui.
- Il comprendra inmediatamente.
Les deux hommes sourirent. Une courte visite du gréement du voilier acheva de les convaincre de leur grande ignorance en matière de navire à voiles, mais gonflés à bloc par leurs ego respectifs, ils pensaient qu’ils se débrouilleraient très bien, une fois aux prises avec l’adversité. Anthony redescendit à la cabine centrale quand son cellulaire résonna.
C’était Jadmir Burco.
Sa soif de vengeance envers votre humble serviteur le fit réfléchir et il en vint à la conclusion que monsieur Locas s’était probablement servi de cette livraison à Mogadiscio pour se venger lui-même du propriétaire du Princess Dream (eh oui ! Ce n’est pas joli !). Il pensa qu'Anthony avait vendu la mèche à ses ennemis, le privant des armes qui lui étaient destinées.
La discorde entre les deux associés voguait sur toutes les langues depuis trop longtemps pour que Jadmir n’en sache rien, aussi il décida de passer l'éponge et de pardonner à M. Locas. Un impératif d'ordre éthique, probablement dicté par une grande conscience, l'assaillait : il valait mieux se serrer les coudes.