Enroulé dans ses couvertures, le petit Sébastien dormait à poings fermés. Son univers imaginaire se baladait parmi les dessins regroupés sur son couvre-lit, arborant l’emblème du Seigneur des Anneaux et sur lequel Gollum entamait une conversation factice avec son précieux. Malgré les méandres que ses rêveries dessinaient dans sa tête d’enfant, sa respiration s’accentua légèrement comme si les portes de son sommeil s’entrouvraient et que le réel s’appropriait ses pensées évanescentes. Comment expliquer cette sensation de se sentir tirer lentement hors de son lit ? Une main lui tenait fermement la cheville et le soulevait dans les airs comme un vulgaire poulet ; le voilà désarticulé, la tête en bas. Ses yeux crispés et résolument fermés ne voulaient à aucun prix s’ouvrir, alors qu’il eut la certitude qu’il voguait maintenant comme Peter Pan, sortant de sa chambre pour emprunter le corridor qui menait à la pièce où dormaient son père et sa mère. Quel étrange rêve faisait-il ?
Des faisceaux de lumières parcouraient les murs de la suite des maîtres de la résidence et achevèrent leur ballet impromptu sur le visage endormi des parents de Sébastien. Un pied surgit de la pénombre pour s’appuyer sur le rebord du matelas des dormeurs et balança un formidable coup qui fit trembler tous les ressorts du majestueux grand lit. Aveuglés par trois lampes torches braquées sur eux, les propriétaires se redressèrent vers la tête du meuble en état de panique. C’est à ce moment que le petit Sébastien ouvrit les yeux pour se voir suspendu au-dessus de son père et de sa mère, catastrophés. Il lâcha un cri de mort ; ce qui eut pour effet de créer un concert simultané en provenance de la bouche de celle-ci, aussitôt arrêté par le canon tronçonné d’une carabine qui vint se loger directement devant ses lèvres. Un faisceau lumineux éclaira brièvement l’enfant qui ne cessait de hurler. En cliquant trois fois la lumière, on lui signifia de se la fermer, mais sans aucun résultat. Le colosse qui maintenait le bambin, déposa un moment sa lampe de poche au pied du lit et asséna au bout de chou une formidable gifle de sa main libre. Pétrifié sur place, le petit se tut instantanément. Le père vint pour s’interposer à son tour, mais c’est le canon tronçonné d’une arme identique à celle plaquée devant l’orifice buccal de sa conjointe qui apparut maintenant à son visage. Voilà qui calma ses ardeurs.
- Mais qui êtes-vous ? Finit-il par demander.