- Tu trouves ça normal, toi, dit le Somalien, que la marchandise que tu as payée soit livrée à des tiers ?
- Voyons Jadmir, essayai-je d’expliquer, nous n’avons jamais vendu les armes à tes rivaux et tu le sais. C’est un concours de circonstances malheureux tout simplement.
- HA ! Parce que tu joues au philosophe pendant que mes hommes se font tuer.
- Ne prends pas ça personnellement Jadmir.
- Je le prends comment alors ? Comme une contribution au patrimoine de mes ennemis ?
- Tu as mauvaise volonté, là. Nous avons fait tout ce que nous pouvions dans un contexte très difficile…
- Ton possible a été pour nous, une catastrophe.
- Je comprends, mais je suis impuissant dans de pareilles circonstances.
- Tu pourrais au moins nous dédommager.
- Ça, c’est impossible. Nous avons livré les armes.
- Dans les mains de mes ennemis, tu veux dire.
- Ce n’est pas de notre faute si vous n’avez pas été capable d’assurer vos positions et que nous sommes tombés dans un traquenard.
Le Somalien réclama en vain un remboursement à titre de dédommagement pour les problèmes de livraison. Je considérais cette vente ferme et finale.
Qu’à cela ne tienne, Jadmir se moquait éperdument de cette infortune puisque ses nouveaux moyens lui permettaient de s’acheter un
petit navire, récemment rénové, qu’il comptait utilisée pour procéder au piratage des bateaux sillonnant la mer d’Aden. Il fut un temps où le plaisir de naviguer n’attirait pas l’attention de qui
que ce soit, mais depuis que les millionnaires ont opté pour ce mode de transport pour se donner un peu de panache, l’attrait pour les brigands d’aller dépouiller ces derniers a décuplé. Le
Somalien ne laisserait pas passer cette occasion d’affaires, d’autant que cette nouvelle mode de venir harponner tous les calibres de navires s’avérait fort lucrative.