Depuis cette visite intempestive de l’inspecteur Brown, je broyais du noir. On ne venait pas fouiner chez moi sans être invité et j’allais faire payer à cette bande d’incapables de la CIA leur arrogance. Depuis quand les autorités se permettaient-elles un pareil excès d’impudence en montant à bord de mon yacht sans invitation ? Une petite leçon d’humilité convenait parfaitement à cet empoté de commissaire et ses oiseuses questions.
J’invitai mon nouveau bras droit et les frères jumeaux à un conciliabule dans mon bureau.
- Jack, dis-je à monsieur Palace. Si tu venais de passer au feu, est-ce que tu t’attendrais, une fois reconstruit, à un deuxième incendie ?
- C’est sûr que non, patron. La foudre ne tombe jamais deux fois à la même place.
- Mes amis, nous retournons à la SysBaslerBerner.
- Mais patron, on a vidé leurs caisses il y a quelques semaines.
- On n’y va pas pour vider quoi que ce soit.
- Ben alors ! Objecta Benny. Pourquoi ?
- Nous leur rendons une visite de courtoisie.
Le fier-à-bras demeura interdit, jaugeant le sérieux empreint sur mon visage. Il esquissa un sourire interrogateur.
- Vous n’êtes pas sérieux, là ?
- J’ai l’air de m'amuser.
- Euh !
- Vous allez vous rendre tous les trois à la banque de monsieur Pinsky.
- Il est sincère là ! Fit Timy pas encore convaincu.
- Croyez-moi ! Le remplaçant du vieux banquier ne s’attend certainement pas à nous voir.
- AH ! Je comprends. C'est génial, patron, fit Jack dans un sifflement admiratif. On y va juste pour se foutre de leur gueule.
- Exactement ! Répondis-je. Et puis si vous voyez de l’argent qui traîne ; un peu de gratin me fera plaisir.