- Voilà bien les hommes : pensa-t-elle. Non ! Répondit Claudi. C’est peut-être une coïncidence, après tout. Avec leur satellite, ils peuvent regarder ce qu’ils veulent.
- Alors, insista maladroitement Stewart, passant du coq-à-l'âne, on se demande tout de même s’il y a un rapport entre le départ du Princess Dream et l’explosion de l’Annaliesse ?
- Il ne manquait plus que ça ! Se dit-elle.
Elle songeait à cette soirée romantique où l’amour était au rendez-vous chez ce sympathique restaurateur monégasque.
- Pourquoi n’a-t-il pas une conversation amoureuse ? Se languit-elle en son for intérieur.
Que Carlos soit impliqué dans des vols de banque la laissait froide ou que des soupçons pèsent sur moi ne la concernaient en rien ! Par contre, qu’on rejette ses idées révolutionnaires en matière de marketing ; elle ne le digérait pas. Sans autre avis, elle se leva et planta Stewart sur place alors qu’il s’apprêtait à commander.
Le policier croisa le regard du serveur qui comprit immédiatement que son client n’en était plus un. Impuissant, il regarda partir la beauté. Il réalisa sur le coup que rien n’était acquis et que toutes les certitudes qui meublaient son esprit quant à sa relation avec elle pouvaient tout aussi bien s’effondrer et disparaître. Il blâma sa jeunesse et son manque d’expérience. Il aurait été plus avisé de comprendre qu’à parler de lui et de ses problèmes, il faisait fausse route. Un homme dans la force de l’âge n’aurait pas commis une telle maladresse.
Replié sur sa chaise en attendant l’addition, il pensa que la vie de représentant de la loi ne s’annonçait plus aussi auréolée qu’il le supposait. Il constatait que son emploi risquait même d’entraver son épanouissement personnel. Ralliez ses fonctions de policier et celles de citoyen ordinaire procédaient peut-être d’une impossibilité ?
- N’est-ce pas ce qui m’arrive ? Se dit-il, en quittant d’un pas lourd le restaurant.
Il chercha Claudi de tout côté pour la rattraper, mais elle avait disparu.