Des questions fusaient de toute part, notamment pour savoir quand cette nouvelle émission et ce magazine inédit allaient arriver à leurs écrans et kiosques. Angela se retrouva presque oubliée et convint d’en prendre pour sa modestie ; Claudi la surclassait vraiment.
Finalement, les employés de la sécurité, avertis d’un attroupement au sein du mail, s’amenèrent prendre connaissance de ce qui empêchait la bonne marche des affaires des différents commerces en cet après-midi de jour de semaine.
Angela en profita pour s’immiscer dans la conversation des agents et leur demanda de mettre fin à ce spectacle impromptu.
- Je vous prie de venir au secours de mon amie. Elle a un important rendez-vous et ses fans la retiennent prisonnière.
- Nous allons vous aider. Acquiesça le porte-parole.
Angela espérait ainsi récupérer la vedette pour continuer son lobbying et s’assurer de son entière fidélité. Elle n’hésita pas, une fois encadrée par les gardiens de la paix à prendre la parole en leur nom et à réclamer des personnes présentes qu'on libère, Madame Claudi, attendu qu’elle devait présider une réunion officielle de production et qu’elle se présenterait, en retard.
Claudi en profita pour attraper la main d’Angela alors que la sécurité les entraina vers une issue secondaire les conduisant à leur voiture. Compatissants, les gens applaudirent la sortie à l’anglaise de leur vedette préférée.
- Merci Angela, merci, je ne savais plus comment me défaire de tout ce monde.
- De rien, ma chère Claudi. Maintenant, je comprends un peu mieux ce que tu vis…
- Oui, c’est incroyable, je n’en reviens pas moi-même…
- Ce doit être lourd à porter parfois ?
- Surtout quand je veux voir mon ami.
- Ari ?
- Euh !... Non, fit Claudi embarrassée.
- Quoi ? Ce n’est pas ?... Insinua malicieusement Angela.
- Non.
- Tiens donc ! Je m’excuse. Je pensais que c’était Ari ?
- Ari, mais pourquoi ?
- Pourquoi ? Mais il faut le voir te regarder…
- Il me regarde ?
- Oui ! Il t’observe avec…
- Avec quoi ?
- Avec affection, disons.
- Ha ça !
- Et comme quelqu’un d’amoureux, balança finalement Angela.
- Amoureux ! s’exclama Claudi. Mais, mais… je ne crois pas…
Elle préféra se taire. Madame Williams sourit. À son âge, elle savait depuis longtemps lire dans les yeux des gens, plus particulièrement dans ceux des hommes qui la convoitaient. C’était pour elle, un plaisir contenu de voir Ari déployer toutes ces séductions et tenter de toucher le cœur d’une femme aussi jeune.
- Quelle innocente ! Pensa Angela. Il va en faire qu’une bouchée…
Claudi jouait la comédie de la vierge offensée, mais elle n’était pas dupe de mes manèges. Elle préférait faire semblant de ne pas comprendre les allusions d’Angela. Elle considérait posséder tous les atouts pour mener sa barque à bon port et n’écartait pas l’idée que la décoratrice ait ses propres visées sur le propriétaire du Paris Monaco International. Ses regards obliques ne lui avaient point échappé et son empressement à devenir son amie éveillait des doutes quant à sa soudaine sympathie. Elle songea qu’il valait mieux s’en faire une complice qu’une rivale.