Le grand jour qu’attendait Claudi depuis des semaines cristallisait enfin sa finale. Plus que trois jours séparaient les téléspectateurs du premier évènement du genre jamais expérimenté. Toute l’énergie de son équipe pourchassant le but ultime allait s’accomplir avec cette soirée de présentation orchestrée et mise au point avec une minutie presque maniaque. Depuis quelques jours, les médias, qu’ils soient télévisuels, radiophoniques ou écrits, inondaient le marché. On annonçait le Jeu Mondial de la Toile partout. La publicité racoleuse proclamait haut et fort la nouvelle émission. On promettait de dérouler devant nos yeux un émouvant voyage initiatique, assorti des personnalités les plus en vue. Certains encarts affichaient les mots suivants :
Vous serez initié à une technologie d’avant-garde, orchestrée du haut des airs.
Vous verrez les humains comme vous ne les avez jamais considérés auparavant.
Une folle équipée vous attend avec
Le Jeu Mondial de la Toile,
guidée par nulle autre que la très talentueuse
Claudi.
L’équipe du Paris Monaco International avait dépensé sans compter selon mes directives, chacun voulant épater le maître avec des trouvailles dignes des plus grands stratèges du marketing. Le nom de Claudi compilait depuis l’avant-veille une cadence soutenue qui dépassait toutes les statistiques jamais établies sur le Web. Les visites sur le site internet du Jeu frisaient le délire avec plus de cinq millions de clics à l’heure, et cela, en inscrivant le seul tag : Claudi. La société engagée pour gérer le domaine croulait littéralement sous la demande et comptait s’effondrer si le rythme s’accélérait encore. J'ai dû injecter personnellement quelques centaines de milliers de dollars pour m’assurer que l’équipementier loue les serveurs DNS nécessaires à la tâche.