Les nouvelles vont vite dans ce petit cercle des multimillionnaires qui gravitent autour de la communauté monégasque ; c’est bien normal. Ces privilégiés régentent par delà le prince, toute une vie économique tissée joliment serrée. Madame Williams se trouvait à connaître les vendeurs de la villa sur le boulevard de l’Italie ; des personnes très sympathiques rencontrées lors d’un gala destiné à une des œuvres de charité qu’ils patronnaient. Pour ces gens fortunés, tout cela n’est souvent qu’un prétexte pour s’inviter à bord de leurs yachts de luxe pour participer à un souper amical et se vanter de leurs nombreux voyages. Certes, ils verseront quelques milliers de dollars pour venir en aide à ceux qui sont dans le besoin, mais tout cela leur sera crédité et fera partie des retours sur leurs déductions fiscales comme à l’habitude. Ainsi, ils reprennent de la main gauche ce qu’ils donnent de la main droite. Quelques-uns d’entre eux sont tout de même de véritables mécènes.

Madame la propriétaire de la rue d’Italie se fit un honneur d’informer Angela de la vente de sa villa à un richissime homme d’affaires : rien de moins que le lauréat du MYS de l’année.

- Eh oui ! Très chère amie, renchérit la dame au téléphone. Imagine-toi que monsieur Amy va convertir notre demeure en maison de production ?

- Maison de production ?

- Oui, ajouta-t-elle. J’ai reconnu la directrice de leur nouveau magazine.

- AH ! Et qui est cette femme ?

- Vous devez sûrement la connaître ! C’est Claudi.

- Claudi ? Interrogea Angela incertaine.

- Oui, Claudi du Point de Mire. Vous savez cette très belle présentatrice, qui fait rire avec ses interviews.

- Elle sera la directrice ?

- Oui !

Angela Proscuito se souvenait très bien de cette jeune demoiselle. Elle crevait le petit écran de son téléviseur avec ses rendez-vous coquins, inaugurés par le Point de Mire et mis en onde par Antenne 2. Cette effrontée déclinait un sans-gêne outrancier, bravant toutes les personnalités en vues avec un brio digne d’animateurs beaucoup plus chevronnés.

- Ah oui ! Claudi, fit-elle enfin. Je me souviens d’elle.

Comment l’oublier ? Angela se remémorait les émissions télévisuelles qu’elle avait commises. Elle en bavait d’admiration. Elle aussi se permettrait toutes ces extravagances, si seulement elle avait son âge.