- Pour vous, Claudi, rien n’est trop beau.
Pour la première fois, Claudi subodora dans le regard d’Ariboudine, ce qu’elle observait d’ordinaire dans les yeux des mâles qui la croisaient : le désir. Sa situation de subalterne vis-à-vis de son employeur la rendait vulnérable et cela la préoccupait au plus haut point. Sans me connaître intimement, je présumai qu’elle m’estimait comme homme et chef d’entreprise, mais ne s'imaginait pas au lit avec moi. Elle aussi pensait, sans doute, que j’étais trop vieux pour qu’une véritable idylle naisse entre nous. De toute manière et malgré les grands efforts qu’elle me voyait déployer pour lui plaire, elle jugeait probablement prématuré que j’entretienne de pareilles visées à son égard. Certes, son cœur voguait vers la jeunesse d’un Stewart, mais ne valait-il pas mieux considérer les très nombreux avantages d’un gentleman d’expérience, et de surcroit, fortuné ? Sa mère ne lui avait-elle pas martelé la tête avec son dicton :
- L’amour dure qu’un temps, après c’est ton bien-être qui compte.
Claudi réclamait un grand amour exclusif, intense et inconditionnel et comme toutes les femmes de son âge ne voyait pas l’intérêt de se préoccuper d’un futur aussi lointain.
Au dernier étage du futur siège social, une très spacieuse chambre meublée d’un majestueux lit me fit rêver : j’entrevoyais la belle Claudi étendue là, offerte à mon plaisir. Je m’imaginai, pendant un éclair, retenant la demoiselle par la taille et la pressant contre moi. Ces lèvres, à quelques millimètres des miennes, présentaient une bouche gourmande qui ne demandait qu’un baiser pendant que sa poitrine haletante s’appuyait contre moi. Mais je ne me laissai pas distraire pour autant.
- Alors ici, ma chère Claudi, ce sera votre cabinet de travail, renchéris-je, arpentant l'espace.
- Mon bureau ! S’exclama de joie la directrice.
- Oui, n'est-ce pas magnifique ? Dis-je en contemplant la pièce, un œil sur le lit.
- Oui, ajouta Claudi en regardant le panorama par la fenêtre. Quelle incroyable vue !
- Bien ! Conclus-je en bon prince, allons fêter ça, je vous invite à dîner maintenant.